Ce billet référence quelques interfaces innovantes de mon point de vue. Je les accompagne de quelques remarques rapides, et j’y reviendrai éventuellement ultérieurement. Explorez les lien, certains mènent à des vidéos de démonstration.
Ecran tactile transparent : ce système a pour avantage de découpler les surfaces de commande et d’affichage tout en conservant une correspondance directe (direct mapping). Les doigts n’obstruent donc pas le champ de vision comme pour un écran tactile classique. Un autre avantage me parait la possibilité pour les mains assurant la préhension d’assurer en même temps des fonctions de commande. On peut donc envisager un meilleur usage des 10 doigts alors qu’un IPhone n’en utilise que 2 (pouce et index d’une main, l’autre servant à tenir le téléphone).
Tiki Labs : cette société française a élaboré un clavier à accord à 6 touches qui peut être utilisé d’une seule main et offre des performances supérieures à celles d’un clavier de téléphone portable pour taper du texte. Elle a l’avantage d’être auto-révélatrice lorsque le guide des touches est affiché sur l’écran. Cependant je ne crois pas à l’adoption de cette solution : je pense qu’elle se heurtera au même problème que les claviers Dvorak qui, bien que plus performants que les claviers Qwerty, ne se sont jamais diffusé. Chercher à se substituer à application disposant d’une large base d’utilisateur se conclue rarement par un succès, surtout lorsque son usage nécessite un nouvel apprentissage. Ce type d’innovation a besoin d’un système à la Apple pour se diffuser : une confiance aveugle des consommateurs dans la capacité d’une organisation à leur offrir les meilleures solutions.
Shapewriter : la technologie est originaire des labos IBM. Je trouve le principe extrêmement prometteur. Il ‘s’agit d’une interface gestuelle, de la même manière que la wiimote. Elle fait correspondre des « gestèmes » (unité de base des gestes, comme le phonème pour la parole) à des mots. Un gestème correspond à la graphie d’un idéogrammes : chaque mot est représenté par un signe. La difficulté des langues à base d’idéogrammes est la mémorisation des signes. C’est là que Shapewriter est visionnaire : en utilisant le clavier Qwerty comme base de construction des logogrammes cette interface est auto-révélatrice, et offre une courbe d’apprentissage rapide puisque se basant sur des connaissances existantes.
Zumobi : cette interface se fonde sur l’utilisation du zoom. Certains s’imaginent déjà une copie de l’IPhone, mais dans le principe cela va plus loin : il ne s’agit pas de seulement compenser la taille de l’écran d’un téléphone portable mais bien d’organiser différemment l’accès à l’information. Alors que l’organisation classique de l’information est sous forme arborescente, le zooming permet une organisation en 2D. Les humains sont meilleurs, je pense, pour lire une carte routière que pour lire dans un organigramme sous forme d’arbre. Les possibilités offertes me paraissent intéressantes et applicables à des représentations de taille supérieure à celles d’un écran de téléphone…
Bumptop : de même que Zumobi cette interface offre un paradigme différent d’accès à l’information. C’est ici l’organisation du bureau réel qui est prise en exemple. Je ne sais pas si en l’état cette interface offre une alternative crédible au Desktop Windows mais elle présente deux caractéristiques intéressantes. Premièrement, comme Shapewriter, elle fait appel à des gestes simples tout en autorisant une interaction riche, et elle est aussi auto-révélatrice. Deuxièmement, et c’est me semble-t-il l’aspect le plus novateur, elle permet de faire usage de l’attention passive que j’ai tendance à appeler « attention latérale ». L’attention latérale est à l’origine d’intentions qu’elle déclenche au travers d’un indice. Un exemple simple en est : sans la regarder je vois une photo de ma soeur sur mon bureau, cette vision déclenche le « retour à la surface » du souvenir « je devais la rappeler », ce que je fais. La plupart de nos actions sont déclenchées sur un mode stygmergique. Bumptop, en permettant la formation de tas et en sortant du choix binaire présence/absence pour rendre possible l’affichage de portions d’éléments, autorise le dépôt d’indices pour soi-même qui sont à l’origine du déclenchement d’actions ultérieures.
4 Jan, 08 at 6:09
[…] un très mauvais pourvoyeur d’indices. L’interface Bumptop, dont il fut question dans un billet recensant des interfaces innovantes, permet de retrouver la métaphore du bureau mal rangé avec des documents que l’on peut […]