Question quelque peu provocatrice face à l’idée généralement admise que les liens sont le sang et la chair de l’internet. Elle m’est venue suite à mon dernier article que j’ai publié sans un seul lien. Cette absence était volontaire mais sans raison bien identifiée. Ci-dessous différentes possibilités :
- Je suis paresseux. C’est possible, mais si c’était une raison suffisante je ne bloggerais probablement pas du tout…
- Je suis orgueilleux: j’estime que la valeur ajoutée des liens est marginale comparée à la valeur de mon article. L’analyse que j’y propose se suffit à elle-même. Il y a probablement de cela…
- Je suis à la fois paresseux et orgueilleux, certes, mais la valeur d’un lien n’est pas nécessairement positive.
Considérons cette dernière possibilité. Nous avons tous fait l’expérience d’un lien que nous nous félicitons d’avoir suivi et que nous remercions l’auteur d’avoir placé dans son article. Inversement combien de liens sans intérêt pour un lien de qualité.
Il est possible d’essayer d’évaluer la valeur intrinsèque d’un lien. Il faut alors mettre en balance la valeur apportée par le lien et le coût représenté par le click et le temps passé sur la page de destination. Un lien peut avoir une forte valeur positive et seulement une faible valeur négative, on peut donc aisément imaginer qu’on aboutit à une valeur moyenne des liens positive. Si on suppose que la valeur cumulée de liens d’un article est additive, c’est-à-dire que la valeur de la somme des liens est égale à la somme des valeurs des liens, alors la valeur ajoutée des liens d’un article croît avec leur nombre.
Je vois en plus aux liens d’un article une valeur de « réseau », ou plutôt une moins-value de réseau. Je suis même tenté d’affirmer que le moins-value marginale des liens est croissante. Sous cette condition la valeur moyenne mais aussi la valeur totale des liens peut être amenée à diminuer avec l’ajout d’un nouveau lien. Comment justifier d’une telle moins value de réseau ?
La sociologie de l’entreprise nous apprend que l’angoisse du manager est liée au nombre de choix qui sont à sa disposition : face à ce choix trop vaste, le manager manque d’outils pour évaluer la meilleure marche à suivre. La peur de se tromper et l’incapacité à y faire face est cause de cette angoisse, et aboutit généralement au statu quo.
Pour reprendre cette image, la surabondance de liens me conduit généralement à ne pas cliquer : n’ayant pas le temps de tous les explorer, et ne disposant pas des outils me permettant de juger ceux qui présentent le plus de valeur pour moi…
En observant mes propres comportements et ceux des visiteurs de ce blog, j’ai fait les observations suivantes qui tendent à conforter l’analyse précédente :
- Les liens fondus dans le texte sont peu clickés
- Plus 2 liens sont proches dans le texte et moins ils sont cliqués
- Les liens auxquels je consacre plusieurs lignes de contextualisation/description (comme dans les Fourre-tout) sont les plus cliqués
Qu’en pensez-vous ?