Espaces contigus et espace continus
Un espace contigu est un espace discret, et se représente par graphe/réseau.
Un espace contigu est discret, un espace continu dispose d’une étendue. L’humain évolue dans un espace continu. Tout ce qui est réel et physiquement (par opposition à conceptuellement) accessible à l’humain dispose d’une étendue.
Les mondes digitaux continus recréent un sentiment d’étendue en utilisant des briques (pixels) de taille suffisamment réduite pour dissimuler la nature discrète des espaces numériques.
Définition de l’adresse
La notion d’adresse est aisée à définir dans le cas d’un espace contigu de par son caractère discret : il suffit de numéroter (même arbitrairement) les noeuds du réseau.
Bien qu’on puisse penser que l’adresse postale est une adresse définie dans un espace continu, elle est en fait une adresse dans un espace contigu superposé à un espace continu (nesté aurai-je dit dans un post précédent).
Il est cependant prématuré de réduire une adresse « continue » à une adresse « contiguë » suite à une discrétisation d’un espace continu. La définition d’adresse donnée antérieurement est à revoir…
Différents types de navigation
La navigation est différente entre un espace contigu et un espace continu. La navigation dans un espace continu est une navigation différentielle (« Qui procède par différences infiniment petites », Trésor). La navigation dans un espace contigu peut elle être qualifiée de navigation proximale (de proche en proche) : on s’y déplace d’un noeud à l’un des noeuds voisins.
La superposition d’un espace contigu à un espace continu tend à déformer ce dernier : deux points éloignés peuvent se trouver être deux noeuds voisins de l’espace contigu. La possibilité de se déplacer le long de ce lien correspond à ce qu’on appelle la télétransportation. S’il s’agit seulement d’information, on retrouve la métaphore du « village-monde » popularisée avec l’émergence des réseaux de télécommunication.
Cette superposition replie le monde continu sur lui-même.
Les espaces continus admettent une autre forme de navigation que j’appelle navigation météorique (du grec « s’élever »). Elle consiste premièrement à s’écarter de l’objet de la navigation puis à s’en rapprocher après avoir choisi le point de destination. Un exemple en serait d’effectuer un zoom arrière sur une carte Mappy puis un recentrage et enfin un zoom avant.
Les contraintes physiques limitent l’utilisation d’une telle navigation dans le monde réel, mais les espaces digitaux s’y prêtent particulièrement bien. La lévitation dans les mondes 3D ou le zoom dans les interfaces 2D l’autorisent. Un billet sur quelques interfaces innovantes donnait l’exemple de l’interface Zumobi qui en fait usage. Je pense que le concept pourrait être poussé plus loin…
La navigation météorique peut être vue comme un intermédiaire entre navigation différentielle et navigation proximale : elle est essentiellement une navigation différentielle mais permet de se déplacer d’un point à un autre sans franchir l’espace qui les sépare.
Le type de navigation employée influe nécessairement sur la représentation que l’utilisateur se fait de l’espace dans lequel il évolue. Dans la lignée de l’analyse des représentations subjectives des notions d’espace et de site (traduction de place) que fait Paul Dourish, il serait intéressant d’analyser le rôle de la navigation dans ces représentations , ainsi que de celle du chemin.
28 Jan, 08 at 10:54
[…] sur le zooming ou, pour employer la terminologie introduite dans un billet précédent (”Spécificité des mondes contigus et continus : adresse et navigation“), une interface qui fait usage d’une navigation météorique. J’aurais souhaité […]